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View Full Version : Thomas Roussel-Roozmon - Canada's Newest GM



Bob Armstrong
10-25-2010, 10:07 AM
Oct. 25 article in Montreal's La Presse by Anne Richer:

Thomas Roussel Roozmon.

À 16 ans, lorsque Thomas Roussel Roozmon a été nommé maître international aux échecs, il a fait l'objet de nombreux reportages soulignant son talent précoce et s'est vu décerner le titre de Personnalité de la semaine. Il récidive six ans plus tard en recevant, à 22 ans, le titre prestigieux de grand maître international aux échecs. Thomas Roussel Roozmon est l'un des rares joueurs du Canada à détenir ce titre. L'épreuve ultime a eu lieu à Khanty-Mansiysk, en Sibérie, où se disputait le Championnat du monde par équipe. «Ce fut mon meilleur tournoi à vie», dit le Montréalais.

Même s'il considère qu'il était un peu «rouillé», Thomas Roussel Roozmon a atteint au cours de ce tournoi la somme totale des 2 500 points nécessaires à l'obtention du titre. C'est la Fédération internationale des échecs (FIDE) qui confirme sa place parmi les meilleurs joueurs du monde. Pour sa détermination, sa persévérance à vouloir dépasser ses propres limites, La Presse et Radio-Canada le nomment Personnalité de la semaine.

Échec et mat

Il semble y avoir un contentieux familial (léger) pour savoir qui, de sa grand-mère ou de son père, lui a enseigné le jeu d'échecs le premier. «J'ai commencé à 5 ans. Avant moi, dans la famille, personne ne jouait sérieusement. J'ai battu ma grand-mère très facilement et si mon père était plus fort qu'elle à ce jeu, j'ai quand même réussi à le battre après quelque temps.»


Voilà pour l'histoire intime d'un petit garçon de 5 ans qui a eu un coup de coeur et plus tard une véritable passion pour un jeu dont les origines se perdent dans la nuit des temps. Une passion qui ne s'est jamais démentie depuis. Il faut donner le crédit à sa mère Marlène d'avoir su maintenir la flamme et de l'avoir inscrit et accompagné à de nombreux tournois d'enfants, dès l'âge de 8 ans. «Ma mère a été très présente tout au cours des premières années. Je peux même dire qu'elle fut mon premier manager et m'a donné tout le soutien dont j'avais besoin.»

L'enfant a appris les règles du jeu très vite. Il a surtout compris que se mesurer à un adversaire aussi fort que lui pouvait lui donner l'immense plaisir de le battre. «J'ai toujours aimé la compétition et jouer, pour moi, c'est pour gagner», reconnaît le jeune homme. Est-il nécessaire de lui faire avouer qu'il est mauvais perdant?

Le feu est toujours là

Mais d'où vient donc cette rage de gagner? Pas de modèle significatif dans la famille. Et même s'il en a admiré plusieurs, aucun des champions d'échecs modernes ne l'a inspiré véritablement. «Mes échecs sont un sport où je me sens comme un athlète olympique.» Durant ses années d'adolescence, il a fait du karaté et du badminton. Et s'il suit les matchs de baseball avec beaucoup d'intérêt, on peut affirmer que ce sont les sports où un seul adversaire est à battre qu'il apprécie le plus.

Gagner aux échecs l'a amené à voyager un peu partout dans le monde. «J'ai vu au moins une quinzaine de pays d'Europe», déclare-t-il avec fierté. Mais en ce moment, il a jeté l'ancre dans un appartement situé près de l'Université du Québec à Montréal.

Après avoir terminé le programme de sciences de la nature au cégep, il a poursuivi, à l'Université de Montréal, dans ce qu'on peut appeler ses forces naturelles: les mathématiques, les sciences, l'économie. Et il a décidé de prendre un temps d'arrêt d'un an et demi. «J'ai participé à de nombreux tournois pendant ce temps. Et puis j'ai voulu sortir de mes sentiers battus pour explorer la philosophie à l'Université du Québec, un univers au sein des sciences humaines que j'ai envie de découvrir afin aussi d'acquérir une solide culture.»

Quel avenir un champion d'échecs peut-il envisager? «Je m'interroge actuellement. En Europe, parce que les échecs ont depuis longtemps obtenu leurs lettres de noblesse, on peut continuer à jouer longtemps, avoir des commanditaires et éventuellement enseigner. Mais ici... c'est moins reconnu.»

À 22 ans, Thomas Roussel Roozmon a décidé d'être un explorateur de ses forces, de ses envies, il n'hésite pas à changer de voie et à bifurquer vers autre chose. «J'ai conservé l'idéalisme de mon adolescence. Devenir adulte (une famille, un métier), c'est un peu renoncer à ses rêves.»

Qu'apportent donc au champion les parties d'échecs? «Je suis comme dans un autre monde. C'est une sensation particulière que les joueurs d'échecs connaissent bien. Une bulle. Le silence. Et au milieu de cette guerre tactique, sans canons, les adversaires communiquent entre eux dans un langage particulier. Les échanges ont lieu sur l'échiquier, ce sont les pièces qui parlent.»